Crêpassis…crêpassas. ( AI février 2025)

Temps de lecture : 4 minutes

Ce mois -ci , l’agenda ironique se passe chez Isabelle . Je vous laisse découvrir ces consignes gourmandes et facétieuses.

─ Chérie, nous avons rencontré tes parents autour de la galette des rois et c’est maintenant à moi de te présenter les miens. Que penses-tu de les inviter dimanche pour la Chandeleur ?

─ Hé bien…oui si tu veux.

─ Cache ta joie dis-donc !

─ C’est que ta mère, chaque année gagne le concours de crêpes du canton, depuis bientôt six années consécutives. Alors ça me met un peu la pression.

─ No stress, ma mère n’a pas l’âme d’un jury.

─ Non juste celle d’une compétitrice !

─ Allons, ne te dévalorises pas. Tes crêpes Suzette sont à tomber. Je suis certain que mes parents apprécieront. Pour moi, je n’en ai jamais mangé d’aussi succulentes.

Je passe une mauvaise nuit. J’enchaîne cauchemars et réveils multiples. Vers 7H00 le sommeil ayant vraiment décidé de me faire faux bond, je décide de me lever et de me mettre de suite à préparer ma pâte à crêpe. Je pose sur le plan de travail tous les ingrédients quand soudain c’est la panique.

Bigre, mais c’est dingue. Ce n’est pas aujourd’hui qu’une chose pareille peut m’arriver !

J’ouvre tous les placards, sans succès. Il faut me résoudre à accepter l’inconcevable : je n’ai plus de Grand Marnier. L’ingrédient essentiel de ma recette. L’angoisse me gagne et les trois tasses de café avalées ne parviennent pas à apaiser le malaise croissant qui s’empare de moi. En regardant par la fenêtre, je constate que les fortes pluies annoncées par la météo sont toujours battantes.

─ Je n’ai pas le choix. Si je pars maintenant au magasin du coin je serais revenue avant le réveil de Mathieu.

Arrivée, je file au rayon des alcools forts. La bouteille de Grand Marnier en main, je m’apprête à passer en caisse, lorsque je me mets à frissonner, et que de violents spasmes me vrillent les intestins. (conséquences du stress intense) Je me presse à payer ma précieuse bouteille, mais les symptômes d’une colique imminente me font faire un détour par les toilettes du magasin. Entre temps, face aux fortes pluies et au risque d’inondation le gérant décide de fermer. Lorsqu’ enfin soulagée, je sors des toilettes je suis enfermée dans le magasin. Désespérément j’appuie sur le champignon rouge mais l’alarme ne se déclenche pas. J’appelle à l’aide, mais avec ce mauvais temps personne ne traîne dans les rues et pour comble de malchance j’ai oublié mon portable dans la voiture.

─ Mais non ! Si je reste enfermée ici, j’vais finir comme promo du mois ! Comment attirer l’attention ?

C’est alors que j’entends rire derrière moi. Un rire bien sardonique et des scronch..cruch… Je saisis une écumoire en passant dans le rayon ustensiles, et la brandis comme une matraque, m’apprêtant à en découdre avec un quelconque monstre. Contre toute attente, dans le rayon des biscuits, juste derrière les batteries de cuisines, je découvre une bande de lutins vêtus de salopettes courtes rouges avec des boutons verts-anis, aux oreilles pointues vertes, bleues, roses, oranges. Les joyeux Gremlins nullement perturbés par mon apparition, continuent à se goinfrer de cookies aux pépites de chocolat pour les uns et ceux au coco pour d’autres.

─ Tiens une humaine ! Alors on muguette dans les rayons après la fermeture ?

Sans perdre ni mon sang-froid, ni ma répartie je réponds :

Diantre, suis venue pour du Grand-Marnier pas pour une rencontre du troisième rayon ! Dites pourriez-vous m’aider à sortir, c’est la Chandeleur et j’ai des crêpes Suzette à faire.

─ Alors humaine, oui on pourrait, mais nous on veut s’amuser. Crêpassis…crêpassas, ou tu chantes ou tu trépasses dans la pâte à crêpe.

J’hallucine, j’ai pas l’temps de jouer avec ces nounours poilus aux oreilles pointues ! Encore moins l’envie de pousser la chansonnette !

─ Comment ? Tu oses nous traiter « de nounours poilus aux oreilles pointues », et t’as pas l’temps de jouer ou chanter avec nous, alors tant pis pour toi, pas d’jeux, pas d’porte de sortie.

Les lutins gloutons peuvent lire dans les pensées, information qui m’étais alors inconnue. Au bout d’une heure de parlote, je finis par me prêter aux idées farfelues de ces lutins farceurs.

J’ai dansé la samba avec des bananes attachées autour de la taille, au rythme de mon écumoire sur une marmite ; jonglé avec des œufs mais les yeux bandés (une vraie omelette géante dans le rayon) ; récité l’alphabet à l’envers avec quatre machemallows dans la bouche ; marqué des paniers de baskets dans les filets d’oignons après les avoir épluchés et sans verser une seule larme (c’était très difficile). J’ai même dû jouer à la Castafiore, en fredonnant sur l’air de Carmen, une bafouille en mode crêpes sautées, crêpes fourrées et crêpes avalées.

La Chandeleur est source de gourmandise

Des crêpes sucrées ou salées si pas de bêtises

Souplesse du poignet pour jongler avec la pâte

À peine retournées, on tartine, on étale, on fourre

Prend garde toi, le chocolat plein la bouche.

 Heureux les lutins farceurs et babillards et pas à court de malices et de farces, applaudissent. Je me crois libérée, délivrée (euh je m’égare), mais non, tout cela n’a pas été suffisant pour obtenir un « seize-âme ». Ils ont exigé de venir chez moi goûter mes Suzette en remerciement de leur aide. Par crainte de déplaire à ma future belle-mère pour ne pas avoir fait les fameuses belles en dentelles arrosées de sauce à l’orange, j’ai cédé et accepté de les prendre tous avec moi.

C’est pas les crêpes qui vont être flambées, mais moi qui vais être cuite ! Dans quel pétrin me suis-je fourrée ? Comment justifier ces pompons de poils multicolores dans ma cuisine ?

Finalement, le goûter a été réussi. Mes nouveaux amis ont improvisé un spectacle drôle qui a enthousiasmé les parents de Mathieu, autant que ce dernier a été surpris de mon initiative. Ils se demandent encore où j’ai recruté cette bande de lutins. Personne ne s’est aperçu que mes crêpes étaient un peu lourdes. La pâte étant trop épaisse.

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Mijo-Nouméa
  • Mijo-Nouméa
  • Née en Nouvelle-Calédonie, Mijo Nouméa explore plusieurs univers littéraires de la nouvelle au roman, en passant par la poésie et le théâtre.
    A écrit un vaudeville: "COACH EN SINISTROSE".
    Ses romans : "Plus con tu meurs" ( tome 1) et "Des gens divers et des divergents" (tome2) sont auto-édités.

23 Comments

  • Excellente histoire ! Tu débordes d’imagination avec ces lutins coquins et espiègles. Et quoi de mieux que de partager ces moments de rigolades avec des crêpes aux saveurs alléchantes arrosées de Grand Marnier et jeux de mots ! (Seize-âme , j’adore )
    A bientôt

    • Hello Marie-Christine, c’est toujours une joie de constater ta fidélité dans mes élucubrations littéraires.A bientôt

  • Hihihi, très drôle !
    Bonne journée, Mijo.

  • Qu’importe l’épaisseur Mijo ! le bon moment passé compense largement 🙂 Les lutins de Néa sont de sacrés bout-en-train !

    • Merci Gibu d’être venue me lire 🙂

      • Bonjour,
        bravo pour votre participation truculente qui m’a bien fait rire!
        A défaut de vous retrouver en promo, ne seriez-vous pas prête à être en tête de gondole ironique et martienne? En clair, comme Jo, Gibu et Isabelle-Marie s’y sont collées plus que récemment et que vous avez déjà démontré vos talents d’organisatrice, ce serait formidable que vous vous proposiez pour animer l’agenda de ce mois!
        Qui sait, Carnets Paresseux reprendrait peut-être enfin du flambeau avec un sujet Mijoté! 🙂

        • hello why not pour animer l’agenda de mars. ( aurais besoin aide pour l’organisation du vote)

  • Oui, une saga et après un rude marathon crêpassis … crêpassas, tu réponds toujours présente aux défis posés par ta famille et ta belle famille … 🙂

  • Pas toujours facile la belle famille. Il faut composer. Bigre, mais Grand Marnier n’est-ce un secteur de Nouméa ? Ha non, c’est Grand Quartier … Histoire oblige. Sourire. J’aime bien le champignon rouge de l’alarme. C’est bien trouvé ! Et puis, diantre, nouméa ce n’est pas mururoa … même si vu d’ici … pardon. J’aime bien, tout, et aussi tout est bien qui finit bien.

    • Hello Lothar,
      Je ne connais pas Grand Quartier sur Nouméa ( mais sur Rennes oui 🙂 à Nouméa, plus Rivière Salée ou Quartier Baie des citrons 🙂 En tout cas merci d’être venue me lire. Comme tu le dis, le sbelles familles nous pourrions en faire une saga tant il y a à dire, raconter.

  • Où je passe, les crêpes trépassent.
    John Duff

    • Bien vu..beaucoup ont cette maladie dans mon entourage. Je te souhaite un bon rétablissement ai cru comprendre que tu avais un plâtre jambier?

  • Si la pâte à crêpes est épaisse, l’humour à la Mijo, lui, ne l’est pas. Une rencontre du troisième rayon absolument originale, c’est autant bourré de nutella que de bons jeux de mots, et franchement, je veux bien jouer les lutins poilus pour venir goûter chez toi.
    Le gérant, par contre, quand il va réouvrir, heuh, suis pas sûre qu’il soit à la fête… 😋😋
    Elle est génialement bien crêpassée, cette histoire !
    Surtout, ne te prive pas de stress, qu’on continue à rire de tes pitreries. 😀😂

    • Merci Jo de ton commentaire qui dynamise mon côté clownesque. Oui rire à gorge déployée ou en retenue est sans doute le meilleur remède qui oit pour avancer dans les turpitudes de la vie. Se rappeler que tout n’est qu’expérience.

  • Bravo, joli texte plein de fantaisie et d’humour.
    À ce que tu dis, plus léger que tes crêpes, mais même sur ce point, je doute, il me faudrait en manger quelques-unes pour vérifier.
    John Duff

    • Hello John, merci d’être venu découvrir ma mésaventure au sujet des crêpes Suzette. M’est d’avis que tu dois être bien gourmand, sur quel indice je me base pour énoncer cette hypothèse…bah ché pas..peut-être sur ton souhait d’en tester plusieurs 🙂

  • Extra !
    Pour la confection du texte, manifestement, tu as tous les ingrédients…
    et on se régale !

    • CC merci Licorne d’être venue goûter aux crêpes Suzette 🙂

  • Ah ! les crêpes! Chacun a sa recette et des souvenirs avec ; ça reste un passage obligé. J’aime beaucoup la chute. Finalement, peu importe la recette, ce qui compte c’est avec qui on les partage. Très réussi !

    • Eh oui Nadiège, tu as le mot juste, peu importe ce qui est dans l’assiette, l’important c’est qui il y a autour de la table.

  • J’adore ton texte 👏 il m’a bien fait rire et tes lutins farceurs sont vraiment rigolos. Merci pour cette participation et je penserai à toi quand j’irais chercher du Grand Marnier 😂.

    • Tant mieux si tu as ri. L’expérience m’est arrivée sans les Grimelins…et sans la pression des futurs beaux-parents. J’avais juste les copains de mes fils, alors je ne voulais pas passer pour une incapable. Merci à toi de ce sujet drôle 🙂

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