Où est passée mon ombre ? (AI novembre 2022)
Le blog « Carnets paresseux » nous propose comme sujet L’OMBRE pour cet agenda de novembre. En plus il faut selon notre desiderata glisser ces deux phrases « Je ne m’attends pas à ce que vous croyiez cette histoire. Est-ce que j’y crois, moi ? «
Mercredi 2 novembre 2022
Je faisais mes carreaux, le soleil brillait. Les cris de mouettes et goélands rythmaient mes coups de chiffon imbibés de vinaigre blanc. J’admirais la transparence impeccable de ma baie vitrée, quand soudain, éblouie par la luminosité, j’ai reculé et là, horreur…mon ombre avait disparu dans les bras de Monsieur Propre, sans laisser de traces. Ce n’était pas la première fois qu’elle jouait les filles de l’air. Elle finissait toujours par se lasser des ploucs qui lui avaient fait miroiter une vie de châteaux de sable. Mais cette fois, la mutine semble en pincer pour les muscles de son croquignolet. En une pirouette il l’a embarquée dans sa tornade blanche. Il n’est pas question que je laisse ce gros bras me ravir mon ombre. Je me sens nue sans elle.
Jeudi 3 novembre 2022
J’ai alors entrepris une minutieuse enquête. Je me faufilais dans tous les étages où cela sentait le Propre. Je rasais les murs afin que personne ne s’aperçoive de la perte de mon ombre. J’ai zieuté par les trous des serrures, par les fenêtres entrouvertes d’où émanaient les effluves de cet olibrius, qui ne lésinait pas sur le parfum. M’étonne pas qu’il attire les poules, tellement il cocote. Bref, j’ai fini par retrouver mon ombre dans un appartement de la rue Faubertin. J’avais reconnu mon propre parfum en passant dans la rue.
Vendredi 4 novembre 2022
Il était maniaque le Propre. Lorsqu’il n’emballait pas avec son sourire ultra-bright ou son anneau d’oreille à faire tourner les têtes, il astiquait sols, meubles et même plafonds. Il fallait que ça brille et de l’huile de coude il en avait le bougre. Mon ombre minaudait de le voir faire. Je ne la savais pas si ingénue. C’est alors qu’une Proprette, foulard sur les cheveux, sac à main dans le pli du coude, curieusement des gants Mappa habillaient ses frêles mains, est venue toquer à la porte de Monsieur Propre. Il s’en est suivi une violente dispute, seau, brosse, chiffon, balai et serpillère valsèrent. J’ai même entendu l’aspirateur vrombir. J’observai affolée de l’autre côté de la rue. Je craignai que mon ombre ne prenne un mauvais coup. Manquerait plus qu’ils me la déchirent ces deux énergumènes. Une gifle a claqué, un cri m’a glacé le sang, puis une porte s’est refermée avec fracas, des pas ont descendu les escaliers dans une cavalcade digne d’un troupeau d’éléphants, le bellâtre est sorti et s’est engouffré dans un cabriolet DétergentMajor. Mais il était seul. Mon ombre ne l’accompagnait pas. Cette absence ne présageait rien de bon, car elle avait la réputation d’être collante mon ombre.
Samedi 5 novembre 2022
J’ai attendu toute la nuit, il régnait un silence de mort dans l’appartement devant lequel je planquais. Au petit matin n’y tenant plus, je suis montée et avec précaution j’ai ouvert la porte. Encore sur le seuil, l’horreur m’a saisi en découvrant la Proprette la tête plongée dans le seau, le balai cassé en deux et mon ombre agenouillée à côté d’elle, compatissante et dépitée d’une fin si triste. Sans bouger d’un plumeau, j’ai joué la médiatrice avec mon ombre, qui se faisait capricieuse. Elle a fini par céder. Elle a fini par réintégrer mon enveloppe charnelle. Certes j’ai dû en récupérer un lambeau avalé par mégarde avec une touffe de cheveux de Poussière.
Dimanche 6 novembre 2022
« Je ne m’attends pas à ce que vous croyiez cette histoire. Est-ce que j’y crois, moi ? » Bien sûr que oui, c’est mon anniversaire et j’écris ce que je veux. Toutes les folies sont permises 😊
Il aurait été dommage que ton hébergeur nous prive de ta savoureuse histoire. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute.
Enfin John je te remercie à partir de mon blog qui semble refonctionner.
Bonne idée de faire de la consigne , la chute ! Toujours l’humour, les idées folles… Mais où vas-tu chercher tout ça ? J’ai passé un bon moment avec cette ombre.
Une coquille « semblait en pincer », un détail, vraiment, vite rectifié.
Au plaisir de lire tes prochains textes
Nadiège
Hello Nadiège, merci pour la coquille et je corrige cette coquille 🙂 C’est chouette de retrouver son blog.
Le fan-club du Géant Vert applaudit !! XD
Merci 🙂 Je ne savais pas qu’il y avait un fan club 🙂