Mélopée du jardin. ( AI mars 2023)

En mars l’agenda ironique s’est posé tel un papillon sur les fleurs du jardin d’Isabelle Marie-Angèle. Mais pas n’importe quelles fleurs, elles doivent piquer, gratter, puer, tuer, brûler que sais-je ? Par contre il faut rencontrer un pissenlit, des horloges et une valise dans ce jardin des poisons.

J’ai mis dans ma valise, mon dictionnaire des fleurs du mal et mon anti-allergène.

J’ai mis dans ma valise, mon jean cerise, mon sécateur et la photo d’Eugène.

J’ai mis dans ma valise, mon smartphone pour les roseaux sociaux, alimenter

Je pars en goguette sur la route du printemps, ça va swinguer et chanter.

Ce matin-là, il y a dans l’air des senteurs nouvelles, odeur nauséabonde des crocus qui ondulent et se frottent au faux-persil dans le jardin, odeur de la terre qui se réchauffe en libérant des volutes de fumée, de l’herbe aux loups, aconit mouillée par la fraîcheur de la nuit. La néphentès paresse dans son bocal tropical attendant sa pitance. Le lapin tape de la patte, le tic-tac de sa montre de gousset, lui rappelle qu’Alice, la mouche est encore en retard.

Alice, mignonne, allons voir si la belladone

A ce matin éclose son cœur de madone

Lui murmure Gypsie l’araignée négrillonne

Vile friponne qui sa toile tâtonne.

Le vent conquérant soufflait avec pertinence, transportant les pollens des bouleaux, faisant vibrer les haubans, dénudant les pissenlits. La girouette du port se moquait bien de ce temps, tournant tous azimuts, elle faisait de l’œil, au coq du toit d’à côté.

Une cigale dans le vent tourbillonne
Chante son amour à la ronde
Déjà au loin de gros nuages grondent
Un coup de foudre tire-bouchonne.

J’ai descendu dans mon jardin pour y cueillir de l’ortie et des brassées de poivre, tout en prenant garde aux gousses du pois mascate. Qu’y s’y frotte s’y gratte. Mon petit jardin qui sentait bon le métropolitain est un jardin extraordinaire.

Cigale et cigalon ont allumé le feu

Dans un buisson d’if bien épineux.

Les amoureux s’émoustillent,

Mais ça « piquaille, » ça grattouille.

En catimini, sauterelles et grillons

Scellent des accords très polissons,

Épine du christ, à la beauté fatale
Pour une idylle matinale
.

Dans les cœurs il y a des cactus, et ça pique. Tout le monde n’est pas poinçonneur de lilas. La mauvaise herbe survie au béton et au bitume, ronchonne l’églantine gratte cul qu’on la surnomme. Donnez-nous des jardins pour les galipettes sur un tapis de primevères, c’est mieux que sur l’asphalte.

Au printemps, ça aubade jusqu’à l’aurore

Les sérénades fusent entre les plantes carnivores.

Vous savez qu’en avril, on ne se découvre pas d’un fil

Mais quand remonter les coucous, jacquemarts et comtoises ?

24 Comments

  • Quelle belle référence aux chansons que je connais. Voici un texte bien musical qui fait chaud au cœur et qui se déguste comme un bonbon sucré. Merci pour ta participation.

    • C’est toi qu’il faut remercier d’avoir impulsé un sujet aussi ouvert pour permettre à chacun de s’exprimer selon son propre style ou sa propre inspiration.

  • J’adore ton texte complètement délirant et excitant (je n’irais pas jusqu’à dire qu’il est urticant).
    Bon après-midi,
    Mo

    • Merci Mo de ton passage. La fantaisie est je crois de mise pour l’agenda ironique 🙂

  • excellent! bravo!

    • Merci Adrienne de ton enthousiasme 🙂

  • J’ai repéré pas mal de chansons dans ce texte primesautier et je me suis baladée avec plaisir dans ton jardin.

    • Merci 🙂 oui plusieurs chansons se sont glissées

  • Ce jardin aux simples exhale un parfum « po-pom, extra-ordinaireu » d’inventaire à la Prévert, on y gambade en fredonnant allègrement, le nez au vent.
    Merci pour cette fraîche heure, MiJo Chère.

    • Dès la mise en route de la cafetière et sans être stipendiaire de toi, je viens te remercier de tes mots lus hier, mais j’étais en session culinaire, la nuit étant conseillère, je viens ce matin faire chanter le vocabulaire 🙂

  • Bon jour,
    Une balade comme un tableau aux fragrances printanières et aux chants à plusieurs voix … 🙂
    Bonne journée
    Max-Louis

    • Oui Max-louis la musique est au même titre que l’écriture au coeur de mon quotidien. On va dire qu’elles sont mes deux meilleures copines, toujours fidèles, disponibles me procurant joie et apaisement.

  • C’est certain ce jardin extraordinaire invite à conter fleurette auprès de ce parterre floral coloré ! Il fallait y penser, les roseaux sociaux s’invitent et diffusent ces magnifiques vers !
    Excellent comme d’habitude.

    • Ah joli cette idée de conter fleurette. Merci de ton passage MChristine.

  • Très jolie participation, en musqiue de sucroit.
    Bonne journée, Mijo.

    • Oui Jean-Louis comme dit à Max-Louis la musique est indispensable à mon quotidien.

  • On sent que c’est le printemps des poètes ! Super participation !

    • C’est exactement ça ,le fil conducteur de mon inspiration pour cet agenda 🙂

  • Jacques, Serge, Charles et les autres aimeraient se balader dans ton jardin musical ! Merci de cet article chantant à souhait !

    • Oui j’ai des airs qui me trottent dans la tête, des notes de musique qui s’imprègnent dans mon oreiller, alors un partition de mots qui chantent pourquoi pas 🙂

  • Merci pour ce beau texte. La poésie c’est vraiment ton truc ! Et ça crée une belle respiration dans ce jardin. Bravo !

    • Merci Nadiège, les consignes ou les starters d’écriture proposés par Pascal sont propices à stimuler différents styles, registres et tonalités.

  • A voté pour 😉 !

    • 🙂

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