Le bal des poiscailles. ( AI mars 2025)

Le bal des Poiscailles, avait lieu dans la mer Piscifère. La soirée avait bien commencé. C’est au cours du repas de la famille Arc en Ciel, plutôt sous forme de buffet de mets d’algues, de corail, de goémon et d’écume et autres coquillages, en tout cas, aucun signe de poisson ni d’ascendant crevette mayonnaise dans l’assiette, qu’il eut la révélation. Aucun membre, n’avait comme lui des yeux de merlan frit, mais tous avaient quelque chose de poissonneux. Le tonton par exemple, c’était son air de saumon. Le cousin barbu se roulait les moustaches en zieutant sous le jupon d’une saumonée. Le neveu Napoléon, bagarreur comme pas deux, voulait culbuter la sole en KO sur le sol. Quand au beau-frère Rouget, c’était bien son « rouge au nez » qui le démarquait à force de se faire la liche au bar. Après s’être bien « marée », et avoir « pisicoler » Mouette et Gardon, les nageoires en compotes, les tentacules démantibulées, on fit une pause.
Le patriarche Extrapoulpos Tentaculus, fier de régner sur toute cette poiscaille, se faisait reluire les ventouses, histoire de digérer, quand il remarqua la tite Zézette qui faisait le « mur d’algues ». Il devait y avoir une arrête voire un fanon de mysticètes. En effet, tandis que les plus jeunes se tortillonnaient les carapaces sur la piste aux écailles (pas besoin de boules à facettes) ou s’entremêlaient les antennes dans l’quart d’heure américain du « french kiss », que le perroquet se la jouait « coq de la mer » pour faire le « marlin » avec ses habits fluorescents qu’il pouvait concurrencer les coraux, il voyait bien que Zézette la méduse s’ennuyait, (oui un filament urticant lui avait brûlé la langue dans son enfance et depuis elle zozotait). Elle était assise sur un banc (non pas de poisson) mais de la solitude et des cœurs arides.
Extrapoulpos rabroua une murène, lui demandant de baisser « d’un thon » dans ses vocalises, puis se rapprocha de la méduse.
─ « Aqua » tu rêves ma Zézette ? Tu peux tout me dire, je suis tout « ouïe ».
─ Zen ai marre. Zé touzours pazeil, les cyprinidés et les carassins (ouf elle avait su prononcer d’un seul coup), zont touzours la fringale, alors « ça redîne », et les « zautes » disent que ze suis tzoz collante. Même les concombres de la mer, veulent pas de moi. Pis ze me méfie des sirènes ensorceleuses d’Ulysse, qui ondulent sur les houles, paraît qu’elles zont des pouvoirs zamers.
─ Il me semblait que tu en pinçais pour le fier hippocampe. D’ailleurs où est-il passé celui-là ?
Zézette baissa les yeux et se referma comme une huître face aux questions du patriarche. Ce dernier apostropha un rémora qui prenait un « p’tit vers » assis au « bar’accuda. »
─ Comment ? Mais vous n’êtes pas au courant votre seigneurie Céphalopode ? J’ai entendu dire qu’à force de traîner avec les morues à jouer de la cithare et fumer le cigare avec les maquereaux, il s’était fait mettre la porcelaine dans le tiroir.
─ Quoi ? Je comprends alors pourquoi il a pris de la brioche le bougre. Vais le trouver sur le champ, et vais te le cuisiner aux p’tits oignons et palourdes moi ! Vais le broyer comme un ormeau, le réduire en poudre pour lui faire cracher le nom de la responsable d’un tel déshonneur. Non mais va pas me rouler dans le sable cet imposteur. Depuis quand nous, les Mâles aurions-nous à porter et enfanter les mioches ? Quelle infamie pour notre famille !
Immédiatement Extrapoulpos fit chercher le mécréant par Aquaman, son fidèle « mulet » aussi rusé qu ‘ « aiglefin » et à sa bande de « mars-ouins » ayant couru tous les océans du globe. Il s’adressa à lui en ces termes, sentant sa dernière vague d’écume venir, il vomit toute son encre :
- ─ Je me sens sale et en même temps lessivé.
- Mœurs et coutumes ont bien changé.
- Ô nage ! Ô désespoir ! Ô turpitude ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux poissonniers,
Que pour voir en un jour anéantie ma lignée ?
Mes tentacules qu’avec respect Neptune et Poséidon admirent,
Mes tentacules, qui tant de fois ont sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de céphalopode, - De cette plèbe de poiscaille dont je m’accommode ?
Précipice élevé d’où tombe mon honneur ! - Point de queue de poisson ou d’aileron de requin
- À l’horizon pour me sortir de ce pétrin ?
Faut-il de cet affront voir triompher l’hippocampe,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ? - Va, nage, suit les courants et contre-courants,
- Brave la houle et les marées, mais extermine le manant !
Or, l’infortuné papa, expert au « colin-maillard » et dans l’art de se camoufler, réussit à échapper au triton d’Aquaman et sa bande de marsouins, pour mettre bas en paix.
Quelques « couteaux » aussi plats que des limandes tentèrent de dérider leur patriarche en prétextant que c’était interdit de « broyer du noir » depuis les lois antiracisme.
─ « Rascassez »-vous de là ! Mettez le « turbot » et dégagez de mon chemin vous gênez « mérous » ventousées !
Abasourdi par la révélation, Extrapoulpos, ne sachant plus à quel « sébaste » se fier, entendant le glouglou de l’opprobre, était perdu dans ce « lieu noir ». Il décida d’appeler Saint-Pierre. Hélas, il tomba sur un « os de seiche », sa secrétaire, la grande roussette l’informa qu’il était à recevoir la confession d’une coquille Saint-Jacques. Lorsqu’enfin son tour arriva, Saint -Pierre lui cloua le bec avec ces mots sibyllins : « Ce que Dame Nature, désire est une évidence impérieuse, en revanche si l’esprit, ne peut se gagner, la sottise est contagieuse. Amen »
Eh bien, tu as été fort inspirée hihi, une revisite d’Aquaman, j’aime ton Extrapoulpos et tous les jeux de m’EAU de ce texte, ça foisonne, ça fait des bulles ;). Bien joué !
CC je n’avais pas pensé à Aquaman, juste vu juste avant un reportage sur les hippocampes 🙂 joli ton jeux de m’EAU 🙂
L’Ex Père de Jeux de mots valide !
Merci de l’approbation 🙂
la pêche au gros est remportée avec sur la première marche du podium deux sardines ex aequo :
1/ Gibu avec sa Bouillabaisse et Isabelle Marie-Angèle qui a taquiné le poisson avec 72% des voix
2/ Jo Bougon avec la baignade qui récolte 61% des voix
3/ Jonh Duff avec le roquefort et l’alevin et 54% des voix
Bravo aux deux sardines qui sortent du banc de poissons et bravo aux autres pour avoir participé si nombreux. Merci.
Agenda d’avril 2025, Carnets paresseux m’a fait part de son souhait d’organiser la party. Donc nous devrions nous rendre chez lui. ( ce n’est pas un poisson d’avril)
C’est un feu d’artifice de drôlerie et de jeux de mots poissonneux.
Bravo, tu places le bar haut (ou le barbeau)
John Fuff
Hello John merci d’être venu me lire et je constate que tu n’es pas en reste pour les jeux de mots savoureux 🙂
Tu as le don de nous dénicher de fins jeux de mots et dans le domaine aquatique, tu es une championne !
Tu joues subtilement avec les moeurs en montrant ce coquin d’hippocampe affublé d’une porcelaine dans le tiroir.
C’est toujours un plaisir de te lire. A bientôt
Cooki Marie-Christine, suis ravie de réussir à dessiner des sourires sur le visage de mes lecteurs. 🙂
Le bal des poiscailles qui n’ont pas froid aux yeux de merlan frits !
C’est savoureux et palourdé du tout.
Merci Jo, oui l’EGO des mâles est quelque peu chahuté.
Que du beau monde !
Merci de ta lecture Isabelle 🙂
oh la la ! s’il existe un dictionnaire de la pisciculture, il a dû s’inspirer de ton texte ! Ils sont venus, ils sont tous là ! Ite missa est 3 <3 <3
Merci Gibu d’être venue me lire 🙂
Un festival !
Tout ce qui reste encore au fond de la mer
a été convié, on dirait !
Merci pour ce joyeux délire
poissonnier et poissonneux…
A te lire,
on se régale !
Merci de ne pas t’être noyée dans tout ce poisson 🙂
Waouw que de poissons présents dans ce texte! La pêche sera très bonne il me semble 😉
Bien joué Mijo et on est encore loin du 1ere avril…
Oui, j’ai pris beaucoup d’avance. J’te le dis avrils sera sous le signe du chocolat 🙂