Ce mois-ci les consignes sont chez PHOTONANIE.

Coach en sinistrose

Ouverture  du rideau. Scène partagée en deux : salle attente et cabinet. Salle attente, une porte avec un carillon, une banquette ou deux chaises, une table basse et quelques magazines, une fenêtre avec un rideau (derrière laquelle il y a une image de champs de maïs ou blé), une horloge au-dessus de la porte du cabinet du coach, et cabinet de consultation, deux fauteuils en quinconce parallèles au public, accessoires new âge lampe à sel, cristaux, bocaux de plantes, flacons d’huiles essentielles, diffuseur, un ordinateur

ACTE 1

Acte 1, scène 1

En fond sonore « Lézardais, Lézardaises une chance inouïe s’offre à vous. Le grand Jean François Régis De Montherlant, coach en sinistrose, le Pape du sourire est de passage dans votre village. Dites adieu à la routine. Consultez-le ! Venez lui confier vos envies les plus inavouables ou vos nœuds amoureux. Son approche atypique, et sa perception fine de votre mal être, seront les bases de son extraordinaire coaching. Une méthode unique pour remédier à votre manque émotionnel. Plus que des conseils ou du réconfort, il vous apportera les réponses à votre sinistrose. Ne perdez pas de temps, prenez rendez-vous. Avec Jean-François Régis de Montherlant des gens heureux à chaque instant.

ACTE 2

 Acte 2,scène 1

Gaston coiffé d’un vieux chapeau, une sacoche en bandoulière (Son magazine de pêche à l’intérieur) entre en scène et pète bruyamment. Chasse l’air nauséabond avec un magazine avant de s’assoir et de feuilleter son magazine de pêche qu’il sort de sa sacoche avec enthousiasme.

Alice arrive. Sculpturale dans sa robe taillée dans un tissu ponceau, elle entre avec hésitation en reniflant, mouchoir dans la main, les épaules basses, traînant des pieds, dépitée.

Alice 

Ils ont un parfum ambiance pestilentielle ici !

Gaston fait l’ingénu.

Alice

 (Anxieuse, gestuelle de panique. Elle fait mine de faire les cent pas en regardant sa montre et soupirant) 

Vous avez déjà consulté ?

Gaston 

Fitchre ! Chuis pas con et viens pas pour m’faire insulter.

Alice 

Comment ?

Gaston 

Bin non, j’mens pas !

Alice 

Mais vous ne comprenez pas ce que je dis ou vous l’faites exprès ?

Gaston 

Non ma p’tite dame ! Chuis ni con, ni à mener au pré par l’bout du nez ! Vous feriez mieux d’vous assoir.

Alice 

J’peux pas suis atteinte de kathisophobie !

Gaston 

Pour sûr qu’c’est la kata ! On est chez l’couch là, pas au catéchèse.

Alice lève les yeux au ciel et se plonge dans la lecture de son smartphone.

Gaston très mal à l’aise sur son siège, se retient de péter et tourne de manière intempestive les pages d’un magazine pour masquer le son de sa flatulence.

Alice 

Pouah ! (Se pince le nez), Mais où est ce diffuseur de parfum « poisson pourri » ?

Gaston se lève et fait semblant de chercher dans la salle d’attente. Tire le rideau de la fenêtre et on découvre l’image d’un champ.

Gaston 

C’est p’tête Jeannot qui a fait son épandage de purin de cheval. Le vent fait voyager les vraies odeurs du terroir campagnard.

Alice ( Avec un air sardonique)

La campagne c’est pour se ressourcer, pas s’asphyxier !

Gaston 

Vous souhaitez vous fixer ici ? V’là qui est courageux pour une jeune.

Alice 

Non as-phy-xier. (Elle mime l’action) j’ai grand besoin de douceur, de petits oiseaux au réveil et … (Elle éclate en sanglots)

Gaston

 (se rassoit près d’elle) 

Vous mouillez ? (Il ne voit pas venir la gifle et en tombe de sa chaise…se frotte la joue et sort un mouchoir de sa poche). Dite donc, j’vois bien que vous avez ouvert les vannes de la fontaine, et que vous mouillez des yeux !

Alice

 (Confuse) 

Pardon, j’ai cru un instant que vous étiez un vieux goujat pervers.

Gaston

(En riant) 

Je n’ai ni le goût du vers ni celui de l‘orgeat. Chuis naturel.

Alice 

(éclate de rire avec lui en s’essuyant les yeux).

Vous comprenez tout de travers, mais vous m’faites rire. Vous m’faites oublier ce gars rencontré sur le net.

Gaston 

Ma vache Nénette vous a présenté un gars ?

Alice 

Non in-ter-net !! Un site de rencontre « Adopte l’amour.net » sur un réseau social. (Elle lui montre l’appli sur son téléphone). Vu votre âge et l’isolement du patelin, vous ne devez pas être desservi par la fibre ici.

Gaston 

Oh si ! À Lézard Tranquille, nous avons beaucoup de légumes à fibres : du fenouil, des épinards, des poireaux et même des flageolets…j’abuse parfois de ces derniers…

Alice 

(haussant les yeux au ciel)

Ce gars n’avait rien d’un « lézard tranquille », mais plutôt d’un « dard qui frétille » si vous voyez ce que je veux dire. Chômeur, glandeur. Le parfait coucou qui me contait fleurette à l’after-work et à maîtresse numéro 2 en soirée. Et n’oublions pas la numéro 3 qui le loge et le gave comme une oie : sa maman.

Gaston 

(la détaille) 

Pour une oie gavée, vous êtes encore maigrichonne. Mais que vient faire maman dans cette histoire ?

Alice 

Vous êtes désespérant ! Bref, regardez, il porte la filouterie sur son visage. Trop beau pour être vrai (Elle lui montre un cliché instantané, qu’il prend pour mieux voir) Ariel Fourien qu’il s’appelle.

Gaston 

Comme la lessive !

Alice 

Porte bien son nom sauf qu’il n’est pas plus blanc que blanc. Quand j’ai découvert qu’il fricotait avec Bombe Fatale369, j’ai demandé des explications. Et vous savez ce qu’il m’a répondu ?

Gaston

(Faisant non de la tête)

Je suis tout ouïe.

Alice

Ben que les hommes étaient comme le wifi. Plusieurs utilisatrices peuvent s’y connecter s’ils ne sont pas sécurisés. J’ai rompu net ! La Bombe Fatale 369 a fait exploser notre couple.

Gaston 

Tout ça pour Nénette ! (Sifflement d’incrédulité) Voilà pourquoi vous venez l’voir le couch !

Alice 

Le coach ! Nan ! Maman vient de décéder. Silence. Elle m’a dit que Jean François Régis de Montherlant, avait longtemps été le colocataire de mon père biologique.Quand la voiture a annoncé son passage à Lézard Tranquille, je me suis dit que c’était un signe. Je compte sur lui pour m’aider à le retrouver. Pour l’amour, j’ai un nouveau rendez-vous ce soir.